En tirant brusquement sur les rênes des deux ânes châriant sa carriolle DIY en polychlorure de vinyle, Sinaïle regarde autour d'elle et constate l'odeur nauséabonde
qui se dégage de la taverne animée.
Sachant que son métier de vendeuse ambulante l'amène souvent à dealer avec la racaille de Dagda, elle soupire longuement en se demandant quel avec quel genre d'énergumènes elle devra marchander cette fois-ci. D'un bond, Sinaïle descend de la charette et atterrit lourdement sur le sol. Un groupe de nains fumant tranquillement la pipe à l'extérieur, sous l'enseigne de Cathbald, la dévisage aussitôt.
Timide, Sinaïle attelle ses bêtes, leur donne du foin et se dirige lentement vers la porte de l'établissement. Les cris des ivrognes et les mélodies maladroites des bardes enivrés bourdonnent dans ses oreilles, lui rappelant le chaos de son Haut-Pey natal. Intimidée, Sinaïle rebrousse chemin automatiquement, résolue à établir son campement en bordure de l'auberge en profitant de la nuit chaude pour mettre en place son étal et sa forge, histoire d'être opérationnelle au lever du soleil.
Étant reconnue pour ses créations en pvc ambitieuses et raffinées, Sinaïle redoute le fait que cet endroit de perdition constitue l'environnement idéal pour vendre son artisanat et, toujours aussi insécure, espère secrètement que la population environnante saura reconnaître et encourager son talent.
* à elle-même : damn